Par Luxo
Cet article est dédié à Tonino Crapiz et à ses proches
Les années passent et les plus passionnés restent, dans le milieu sportif comme ailleurs.Cette série « Paroles de …» continue dans Les Infos Du Fight et veut mettre en avant des acteurs reconnus du pieds-poings. Pour cet épisode, l’éclairage sera mis sur les promoteurs/organisateurs.En en effet, il semble que le nombre de manifestations pieds-poings soit de plus en plus important sur le sol français… Cela reste le fait de quelques forcenés, au rythme de vie parfois un peu dingue, galopant tous les ans après les sponsors et subventions pour organiser de belles fêtes, rendant hommage à leurs combattants. Beaucoup de travail pour eux et leurs équipes de bénévoles, de la fatigue mais surtout beaucoup de plaisir collectif au final … et ce pour la seule passion du sport !Il fallait légitimement rendre hommage aux promoteurs, et pour cela, savoir que plus dur n’est pas d’organiser mais d’inscrire un gala sur la durée, comme le fait Christophe SALIS à Saint Yzan de Soudiac. Après sa dixième édition du « Tournoi du Dragon », petit point d’étape sur ce gala multiboxes qui met en valeur les locaux mais aussi certains combattants renommés.
Bonjour Christophe, avant d’aborder ta vie de promoteur :organisateur de galas, peux tu évoquer ton parcours sportif ?
Salut à tous les lecteurs des INFOSDUFIGHT !
J’ai un vécu sportif assez éclectique, qui a depuis mon plus jeune âgé laissé la place au collectif, peut être que cela m’a marqué ?
J’ai débuté en effet par le Hockey sur glace, en passant par le Foot , puis le Hand Ball.
J’ai toujours été très sportif mais la vie dans le quartier difficile de la Benauge à Bordeaux m’a aussi permis d’acquérir un mental au vu de certaines situations. J’en suis donc venu assez logiquement aux sports de combats, lorsque j’étais lycéen et ce par nécessité. Il faut savoir que l’agglomération bordelaise était une place forte du Full Contact, et comme je fais partie d’une génération où les films d’action ont marqué les esprits, en 1993, se tourner vers le club de Floirac des frères Lamolie et de Didier Caboblanco était logique, il s sont devenus mes modèles.
Cela rappelle le parcours de beaucoup de passionnés qui ont la quarantaine désormais, on lisait « Karaté Bushido », on appréciait les personnages de Van Damne, les illustrations de Bruce Lee, puis on aimait le sportif qu’était Dominique VALERA avec ces gants et ces chaussons …bref, le parcours classique du passionné d’arts martiaux !
Avant l’organisation, quel est ton parcours pugilistique ?
Celui d’un combattant un peu ralenti dans son parcours par l’impératif du Service national et quelques soucis médicaux, mais aussi celui d’un boxeur qui a fait les bonnes rencontres, notamment au club de CENON, avec Dany Lamolie. Il a décelé chez moi la fibre pédagogique et m’a ainsi transmis son virus ! En terme de belles rencontres, je cite aussi volontiers James DARD, ex-champion du de Full Contact, qui a compté dans mon parcours et reste un soutien précieux.
J’ai donc enseigné avec une optique plutôt claire, tout d’abord dans un esprit simple de loisir, puis les exigences de certains boxeur ma emmené a visé à mener les gens aux combats lorsqu’ils le souhaitaient, sans tomber dans le « tout éducatif », que je ne dénigre pas pour autant. En voulant mettre en adéquation cette idée avec ma pratique, j’ai voulu rapidement monter ma propre structure et j’ai eu la chance de trouver l’oreille attentive, de la Maire de St Yzan de Soudiac, et du syndicat intercommunal du Val de Saye.
Ainsi l’association Full Contact Soudiacais fondée en 2004-2005 avec mon épouse comme présidente a été créée. Dès la première année de vie pour ce club, autour d’une bande de potes fidèles et très partants pour un gala, nous nous sommes lancés dès la deuxième année d’existence! Nous avons ainsi débuté avec une belle réussite d’entrée, avec un premier gala réunissant 800 spectateurs, j’ai perçu que le potentiel était là.
![zellit madisse 2 par Tonino Crapiz]()
Tu as vécu divers rôles dans ce milieu sportif (boxeur, coach, membre du bureau du club…), sont-ils dissociables selon toi ?
On pourrait se poser cette question là, mais en France, cela parait à ce jour un peu ambitieux. Je ne connais pas de promoteur totalement « pro » qui fasse cette seule activité. Ou seulement ceux qui ont des investisseurs importants, cela peut arriver et tant mieux pour eux, comme pour le sport pieds-poings en général.
Les sports pieds-poings progressent, mais ceux qui en vivent sont tour à tour coachs, soigneurs, promoteurs, présidents de club… Dans mon cas, j’ai eu un ressenti fort dès le premier gala, où nous avions fait boxer Modibo Diarra et où les retours du public m’ont clairement encouragé à continuer.
Mais, malgré la passion, c’est comme tout et j’ai eu à apprendre et à préciser mon projet d’organisation.
Peu à peu, j’ai établi des fils conducteurs dans toutes les éditions du « Tournoi du Dragon » : nos galas ont toujours 2 « main events », j’ai aussi initié en région bordelaise la formule de « Tournoi » depuis avril 2006, que personne ou peu de personnes ne faisait jusque-là. Puis j’ai également organisé pour certains combattants du club des titres internationaux (ex. : Lilian Cottet en full contact et Julian Chapoutot en K-1). Lors de ces organisations, je cherche enfin à valoriser les combattants locaux, sans m’interdire quoique ce soit avec d’autres combattants réputés…
Voilà les grands axes de ma façon de faire, mais je remets les compteurs à zéro tous les ans, et je me donne un projet chaque année, qui donne envie à tout le Team de se bouger !
Par exemple, je trouvais sympa de faire boxer mon frère Rémi Salis pour le dernier combat de sa carrière lors d’une rencontre internationale (France/Ukraine) lors cette dernière édition, il est impliqué dans le club et y enseigne, il était légitime qu’il boxe devant son public. Je ne sais pas encore quel sera le projet de la prochaine édition, mais cela viendra vite.
Tenir 10 ans d’organisation, c’est assez rare , qu’est-ce qui t’a marqué durant toutes ces années ?
Certains combats ont démontré une pratique très esthétique, la beauté d’un sport très intense, je pense à l’opposition entre le Marmandais Christophe Touzeau et le très bon Yannick Tamas : pour les puristes du Full Contact, quel souvenir ! Tout comme la technique que tout un public a pu voir avec Wilfried Martin(en 2009) puis également avec Eddy Nait Slimani(en 2012), qui ont fait une édition également.
A mon humble niveau, je pense avoir apporté une petite pierre dans le lancement de Cédric DOUMBE, qui en 2012 avait battu Frédéric FICET et Eddy Lacrosse lors du « Tournoi du Dragon 6 » en Full contact (Eddy Lacrosse qui réalise désormais de belles choses en Boxe anglaise). On a eu aussi Cédric DOUMBE contre Kamel MEZATNI en K1, en 2014, donc des noms réputés pour un public qui devient connaisseur, c’est une belle reconnaissance pour notre travail.
Bien évidement j’écoute bon nombre de personnes du milieu qui mon soutenu dans l’organisation, comme James Dard qui ma appris à concevoir une manifestation, Thierry Muccini qui m’a permis de commencer à faire venir les 1ers combats internationaux… Je suis aussi attentif aux nouvelles rencontres comme Aurélien Cramail, organisateur de la « Full Night » qui n’est plus à présenter dans ce milieu. Tout cela m’a appris à me forger puis à continuer à apprendre afin d’évoluer dans le bon sens.
Quels soucis spécifiques à ton rôle de promoteur as-tu rencontrés ?
Disons que des galas génèrent du public, du temps, de la passion, mais cela impose une rigueur de chaque instant, par exemple sur le plan budgétaire, heureusement j’ai la chance d’avoir des partenaires fiables ! Et également des bénévoles qui m’épaulent pour trouver de nouveaux sponsors.
Sur le plan administratif, j’ai été comme tous les organisateurs mis à mal par les problèmes fédéraux. Quand un défaut d’agrément ministériel t’est annoncé deux mois avant ton gala, il faut être réactif et ne pas paniquer, mais on a fait avec. Je regarde en spectateur attentif ces questions, mais cela ne me détourne pas du sport lui-même, qui est mon seul centre d’intérêt.
Tu n’as jamais souhaité organiser en Muaythaï ? Que penses-tu de ce sport ?
Comme je le disais plus haut, mon origine est celle du Full Contact et je trouvais intéressant de laisser la place aux spécialistes locaux, dont Rodrigo Alamos qui a fait beaucoup pour cette discipline. Sur ses conseils, je suis allé au « Singpatong », camp de Muaythai à Phuket où j’ai apprécié la rigueur des entrainements, cela a un peu transformé notre vie de club en 2012.
Mais sur le plan organisationnel, je reste fidèle à mon école de combat (le Full Contact), et je mets aussi en avant le K 1, qui permet à diverses écoles pieds-poings de s’affronter, comme vient de le faire Patrick Madisse (champion d’Europe BF Savate) par exemple, lors de notre dixième édition.
Quel avenir vois-tu pour les sports pieds-poings français ?
L’avenir du sport pieds poings dépendra de la passion et de l’engagement de chaque encadrant, mais je pense que toutes ces disciplines ont plus que jamais leurs places dans notre société actuelle. Nous voyons à chaque rentrée l’évolution de la pratique des féminines ainsi que des enfants dès leurs plus jeunes âges. Pour moi la progression est en marche…
Veux-tu te projeter jusqu’à la vingtième édition de ton « Tournoi du Dragon » ?
Comme je l’ai évoqué plus haut, il me faut un fil conducteur, une motivation pour que je sois animé par une flamme qui me permettra d’avoir un objectif et ainsi me projeter dans la future édition.
Tout dépend de la progression, et des chalenges que je pourrai faire parvenir à mes boxeurs.
Les Boxeurs qui arriveront sur les rings et qui seront brillants dans la saison en cours.
Et bien sûr les partenaires financiers, le soutien qui me sera apporté par nos bénévoles, et également les évolutions des ou de la fédération… Alors, il est dur de te dire si on ira jusqu’à la vingtième édition ou pas !…ou peut être plus ! Mais je l’espère, cela voudra dire que l’avenir se porte bien.
Le point de vue du photographe , Tonino CRAPIZ
« Photographe depuis quelques années maintenant pour Christophe SALIS et agé de 51 ans, je suis toujours dans une optique, la création. Elle ne m’a jamais quittée : un monde coloré et irréel, le style dit « académique » ne m’a jamais séduit car la banalité ne fait pas partie de ma vie, je me lasse des choses simples, il faut créer … Pour le « Tournoi du Dragon », les choses ne sont pas si simples et le gros travail en amont de Christophe SALIS vient largement compléter le mien ! Une fois présent sur le ring pendant les combats, comme le démontre mes clichés, je suis au plus près de l’action, parfois à 40 cm des combattants… Je veux totalement sortir de la photo banale et montrer un tout autre visage des coups portés et des chocs parfois très violents.
Je veux et je tiens à faire transparaitre cela dans mes clichés, en Noir et Blanc si possible, que l’on soit vraiment imprégné par l’action, même pour ceux qui n’étaient pas présents dans la salle à ce moment là.
Il n’est pas chose aisée croyez moi, de capturer ses moments. Parfois 30, 40 ou 50 clichés ne me satisferons pas. Je travaille à la volée, image par image dans mes shoots et surtout pas en rafale : c’est risqué mais je m’imprègne plus dans le combat en restant à l’affût en permanence sur le ring !
Dans tous ces moments là, l’instant que je recherche à capturer arrive à chaque combat, une belle photo sort du lot comme à chaque fois. Elle sera représentative de la soirée et de l’ambiance et j’ai pas mal de chance d’être présent à chaque gala, tout comme sur celui de Marmande chez Laurent et Amandine MUDRY !
Des moments que je savoure chaque année et il faut dire que voir quelques gros combattants mondiaux sur le ring, que je connais avec le temps et que j’apprécie énormément, c’est un bonheur sans pareil. Je ne peux que tous les remercier et remercier Christophe pour sa confiance chaque année, en espérant être encore présent pour la suite … »
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